Le Monument aux Morts

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les anciens élèves du lycée de Fès, regroupés en association, décidèrent de lever une souscription pour ériger un monument à la mémoire de leurs camarades, tous anciens élèves du lycée, morts au combat.

En quelques mois seulement, la souscription permit de recueillir les fonds et les 200 kg de métal non ferreux nécessaires à la fabrication du cénotaphe.

« Aujourd’hui à 17 heures aura lieu au Lycée de Fès la Cérémonie d’inauguration du Monument élevé aux maîtres et élèves morts pour la Patrie. La Cérémonie sera effectivement présidée par Monsieur le général Laparra, chef de la Région représentant Monsieur Erik Labonne, Résident général de France au Maroc, assisté de Monsieur F. Braillon, adjoint au Directeur de l’Instruction Publique. Les familles des morts, les autorités et personnalités, les délégations d’Anciens Combattants et des Associations patriotiques, les Anciens Elèves et les familles des élèves en cours d’études, trouveront des emplacements réservés. Nombreux seront ceux qui auront à cœur d’assister à cette cérémonie de piété patriotique et de témoigner par leur présence la fidélité de leur souvenir. […] Le Comité avise les membres de l’Association que l’Inauguration du Monument aux Morts du Lycée de Fès aura lieu le samedi 26 avril 1947, à 17 heures précises dans la cour du Lycée. Des places seront réservées aux membres de l’Association qui seront priés de venir retirer chez Monsieur (illisible), avenue Maurial, vendredi soir, les cartes donnant accès à la tribune qui leur est réservée. Le Comité espère que tous les Anciens élèves du Lycée, actuellement à Fès, auront à cœur de venir honorer de leur présence cette cérémonie à la mémoire de leurs camarades morts pour la Patrie. […] »

Extraits d’un article paru dans Le Courrier du Maroc du 22/04/47.

C’est Dario Furieri, premier prix de l’Académie des Beaux-Arts de Paris en 1937, qui a été choisi pour couler la statue en bronze selon la méthode de la cire perdue. Cet artiste était installé à Rabat. La date du décès avait été retenue pour classer les différents noms sur le cénotaphe. Viennent ainsi en dernier le nom des soldats, anciens camarades de classe, morts pendant la campagne d’Indochine.

Pour la petite histoire : observez la photo ci-dessous, prise en 1965 par Marie-Jeanne Tcheltsoff (fille du lieutenant Vladimir Tcheltsoff dont le nom apparaît en bas de la deuxième colonne) et comparez-la avec la photo contemporaine placée en haut de cette page… Lors du déménagement du monument aux morts du lycée mixte au GSU, les plaques de marbre ont été inversées par l’entreprise chargée de réaliser les travaux.

Portraits de deux anciens élèves morts à la guerre

Paul Lagarde (1921-1944)

« Né le 25 juin 1921 à Rabat, Paul Lagarde fut élève du lycée Gouraud de 1934 à 1937, puis alla terminer ses études secondaires au lycée de Fès où résidait sa famille. […] Athlète exceptionnellement doué, il pratiquait en effet tous les sports avec un égal succès : à 17 ans déjà, il jouait comme goal dans l’équipe première de l’U.S. de Fès et la même année, se classait 4e en finale du championnat de natation du Maroc toutes catégories, réalisant 1’6″ aux 100 mètres nage libre ; l’année suivante, il était champion du Maroc de rugby en équipes II avec l’A.S.P.T.T. de Fès. […] Paul Lagarde, après son baccalauréat, suivit les cours de deux maîtres de la Société des artistes Français et devint un portraitiste remarquable […]. Mais, comme tant d’autres de sa génération, il […] fut mobilisé en 1942 et […] il choisit l’aviation. Après avoir servi à Meknès et à Casablanca, il fut volontaire pour partir comme élève-pilote en Amérique. […] Le 6 décembre 1944 il tombait en service commandé. […] »

Extraits du Livre d’or du lycée Gouraud, 1939-1945, éditeur Félix Moncho, Rabat, 1949.

 

Michel Thomas (1918-1944)

« Crozet un doux village de Loire. C’est là que naquit Michel Thomas en 1918. […] En 1928, l’enfant arrive au Maroc avec ses parents. Il fréquentera le lycée Gouraud, de la sixième à la classe de mathématiques élémentaires. […] Il prépare le concours de l’Ecole de l’air d’abord en mathématiques spéciales à Casablanca puis au lycée du Parc à Lyon. Il se présente en 1939. La déclaration de guerre le surprend à Crozet ; mobilisé il apprend sous les drapeaux son admissibilité. La défaite survient alors qu’il venait de sortir de l’Ecole de l’air de Bordeaux. Le sous-lieutenant Michel Thomas rejoint l’Afrique du Nord ; affecté à la base de Meknès, puis de Fès […]. Le débarquement allié bouleverse la vie, sans histoire jusque-là, des bases aériennes d’Afrique du Nord. Le lieutenant Thomas se livre à un entraînement intensif. En juillet 1944, du ciel de Fès, Michel Thomas tombait contre la terre marocaine. […] »

Extraits du Livre d’or du lycée Gouraud, 1939-1945, éditeur Félix Moncho, Rabat, 1949.

Nous adressons nos plus vifs remerciements à Mme Catherine Escalier et à M. Georges Michel pour la collecte et le partage des informations relatives au monument aux morts de notre établissement.