Vraiment prometteurs, ces ambassadeurs en herbe ! par M. Thierry Guidet

Monsieur Thierry Guidet, ancien directeur de Ouest-France et ancien directeur de l’ESJ Lille (Ecole Supérieure de Journalisme) était parmi nous lors de la finale Maroc AAEH. Il a signé l’article qui suit, qui rend compte de l’événement.

L’établissement Jean de La Fontaine a accueilli, le lundi 22 mai, la finale marocaine d’Ambassadeurs et Ambassadrices en herbe. Un concours d’éloquence de très haut niveau.

Ambassadeurs et ambassadrices en herbe ? Une manifestation organisée depuis 2012 par l’agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE). Par le biais d’un concours qui se déroule à l’échelle planétaire, il s’agit d’inviter les élèves scolarisés dans les établissements français à développer leurs aptitudes à l’expression orale, leurs compétences linguistiques et, bien sûr, leur capacité à réfléchir sur un sujet d’actualité.

Après avoir été sélectionnés dans leur école, leur collège ou leur lycée, une trentaine de finalistes, âgés de 10 à 17 ans,  devaient plancher sur cette question épineuse : un monde numérique, enfer ou paradis ? Cinq minutes pour chacun, en français bien sûr, mais aussi en arabe et en anglais.

Regroupés en trois catégories d’âge, les élèves faisaient face à trois jurys composés de personnalités comme Azouz Begag, l’ancien ministre français et écrivain d’origine algérienne ; le journaliste de télévision Ouadih Dada ; Nathalie Faure, chargée des partenariats de l’AEFE ; Miguel Angel San Jose Ribera, le directeur de l’Institut Cervantes de Fès…

Comme l’avait déclaré d’emblée Alexandre Vaugeois, le principal de Jean de La Fontaine : « Vous participez à cette finale : en somme, vous avez tous déjà gagné ! » N’empêche que les candidats, bien préparés mais visiblement stressés, avaient à cœur de passer le cap des épreuves du matin pour disputer celles de l’après-midi et espérer se qualifier pour la finale mondiale.

Pour les aider dans leur tâche, les jurés disposaient d’une grille leur permettant d’apprécier la prestation des élèves en fonction de leur force de conviction, de leur capacité à susciter l’adhésion, de la pertinence de leur argumentation, de leur art oratoire. Bienveillants mais attentifs, les examinateurs ont été très impressionnés par la qualité des candidats, notamment leur aisance à passer d’une langue à l’autre. Ainsi, les jurés de la catégorie lycée étaient unanimes : « Nous n’aurions jamais été capables d’une telle performance quand nous avions 16 ans ! »

Trois candidats ont été sélectionnés dans chacune des trois catégories. L’après-midi, ils disposaient de trois quarts d’heure pour préparer une nouvelle intervention sur le thème de l’intelligence artificielle. Pendant ce temps, les jurés, les candidats éliminés et les accompagnateurs ont pu assister à une représentation hilarante d’extraits du Médecin malgré lui, de Molière, joués par la troupe de l’atelier théâtre du collège de Mme Paubel, suivie d’une représentation musique & danse des élèves de Mme El Marrakchi et M. El Achhab et pour finir un tour de chant de Mouna Defroidmont, élève de 3ème.

Mais voici le moment tant attendu : l’entrée en scène des finalistes. D’emblée, la jeune Sara NASRI, 10 ans seulement, fait une énorme impression. Délaissant le pupitre, s’emparant d’un micro, elle fixe les jurés droit dans les yeux, déambule avec l’aplomb d’une professionnelle et fait preuve d’une étonnante maturité intellectuelle pour une enfant de cet âge. Tour à tour, les autres candidats défendront crânement leurs chances. Les jurés peineront d’ailleurs à les départager. Pour finir, c’est Agnès Humruzian, Conseillère de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France, qui communiquera leur verdict : Sara NASRI en 6ème,  Haroun BEN HADJ en 5ème tous deux du Lycée Français Léon l’Africain de Casablanca et Mehdi BENJELLOUN en 1ère au Lycée Lyautey de Casablanca.

Les trois vainqueurs participeront en novembre à la finale mondiale.

Mais au-delà du palmarès, ce concours d’éloquence délivre au moins deux enseignements : la qualité du réseau scolaire français au Maroc, qui accueille pas moins de 48 000 élèves ; l’excellence des jeunes candidats. Azouz Begag, ce fils d’immigrés algériens né dans un bidonville de la banlieue lyonnaise et devenu ministre de la République, murmurait, rêveur : « Le Maroc a bien de la chance d’avoir des enfants aussi prometteurs ! »

Les lauréats de la finale Maroc, de gauche à droite : Sara NASRI,  Haroun BEN HADJ et Mehdi BENJELLOUN